Lundi 1er septembre 2008 à 1:26



01. .execute.
02. Gematria (The Killing Name)
03. Sulfur
04. Psychosocial
05. Dead Memories
06. Vendetta
07. Butcher's Hook
08. Gehenna
09. This Cold Black
10. Wherein Lies Continue
11. Snuff
12. All Hope Is Gone
13. Child Of Burning Time (Bonus Track)
14. Vermilion Pt.2 (Bloodstone Mix) (Bonus Track)
15. 'Til We Die (Bonus Track)



Genre : "Néo" Metal Brutal

Beaucoup de critiques négatives sont déja sorties sur cette album, alors que l'album lui-même n'est sorti en france que depuis hier. Ayant été un fan de Slipknot, j'ai acheté cet opus, et ce que j'en ressent est quelque peu différent. Bon oui, je n'ai l'album que depuis hier, et oui, je manque peut-être de recul, mais qu'importe.

Alors certes, ça n'a pas le panache des deux premiers albums, la griffe glauque et complètement psyché/violente qui était la marque de fabrique de Slipknot, mais hé... Les gens évoluent, c'est normal : quelqu'un peut-il me citer de de groupes qui aient réussi à faire exactement la même musique, avec le même talent, tout au long d'une carrière (sauf Slayer mais pas vraiment de mérite parce qu'ils font toujours la même chose, eux, sans originalité ou presque) ?
Quatre années ont passé depuis Vol. 3, 7 depuis IOWA, et neuf depuis Slipknot...
Ces fameuses critiques, donc, restent pour moi du domaine du "c'était mieux avant" qui revient plus souvent qu'à son compte lorsque l'on parle de musique. Cela vient-il du fait que l'on apprécie un groupe pour ce qu'on en entends en premier, puis qu'on dénigre tout le reste parce que ce n'est pas exactement la même chose ?


Bon, cessons un peu de divaguer sur ce qui s'en dit, concentrons nous sur l'album lui-même.

Il se compose, pour faire court, de chansons très diverses dans leur composition et dans la manière de chanter de Corey. A ce titre, on peut distinguer deux écoles principales : le "cri" de Slipknot, rapide, brutal et énervé; puis le "chant clair" de Stone Sour, plus lent, en général assez triste.

Dans la première école, l'école Slipknot, on retrouve un certain nombre de chansons relativement bordéliques, tout de même assez proches des origines, très rapides, criées, véhiculant une rage assumée toujours présente chez Corey. Citons Gematria principalement, première chanson de l'album (la première étant seulement l'intro), qui donne l'impression de s'afficher comme le porte-étendard du retour aux origines du groupe, une volonté d'afficher une couleur "Back & Angry"... Citons aussi Butcher's Hook, This Cold Black, All Hope Is Gone, ou Vendetta.
"Back" peut-être, mais certainement pas "Black" dans le sens où ont disparu les pistes glauques, véhiculant une ambiance malsaine, noire, oppressante, qui faisait toute l'atmosphère des deux premiers opus. Exit les idées noires et les délires psychotiques, ne restent que la colère et les murs de son d'harmonie chaotique.


Dans un style très Stone Sour, à savoir relativement bourrin mais ponctué de chant clair et solis, avec une instru légèrement moins bordélique, citons Sulfur, Psychosocial, Wherein Lies Continue, quelques chansons qui donnent l'impression de suivre le second groupe de Corey lors un retour vers son album éponyme (Come What(ever) May étant tout de même moins bourrin que l'EP). N'empêchent qu'ils balancent, ces morceaux, avec leurs riffs répétitifs et leurs breaks très Néo...

Toujours dans un style Stone Sour, mais plus dépressif à la Through Glasses ou Inhale, on trouve des chansons comme Dead Memories, Gehenna, Snuff (à la guitare sèche...). Clairement, ça n'est pas du Slipknot, c'est étrange d'entendre ça de la part de ce groupe, c'est trop calme, mais ça véhicule tout de même une certaine émotion, quelque chose qu'on ne peut renier, et dont on peut apprécier la beauté.


Ce qu'apporte la Special Edition, à part deux euros au prix (et un packaging un poil différent), se résume en deux choses : un DVD de Maing-off que je n'ai pas encore regardé et dont je ne parlerais donc pas, et trois chansons (les 13, 14 et 15).
Child of Burning Time, ça ressemble kré kré fort à du Stone Sour, mais elle est pas mal.
Le remix de Vermillion, c'est mignon mais on s'en serait bien passé.
Quand à 'Till We Die, elle sonne très triste, un peu comme un adieu après avoir livré un ultime combat, mais là encore, c'est loin du Slipknot des origines.



Bref, Slipknot a évolué. All Hope is Gone est un CD qui, pour moi, a malgré tout son charme, même si on est loin de la furie barrée et malsaine des deux premiers albums. D'où un album moins profond dans l'atmosphère, mais peut-être plus sur la composition. C'est, si l'on peut dire, le trait d'union entre Slipknot et Stone Sour : parfois l'un ou l'autre, mais dans son ensemble, quelque part au milieu. Et que je n'ai pas honte d'avoir dans ma disco. Forcément, quand on aime les deux groupes, ça aide.


A écouter : Vendetta, Psychosocial, This Cold Black, Gematria

Lundi 30 juin 2008 à 22:56




01. godeatgod
02. the love song
03. the fight song
04. disposable teens
05. target audience (narcissus narcosis)
06. president dead
07. in the shadow of the valley of death
08. cruci-fiction in space
09. a place in the dirt
10. the nobodies
11. the death song
12. lamb of god
13. born again
14. burning flag
15. coma black
16. valentine's day
17. the fall of adam
18. king kill 33º
19. count to six and die



Houuu, que voilà un sujet épineux, s'attaquer à M. Manson en personne. Souvent décrié, apprécié ou haï, tout le monde connait Marilyn, et n'importe quel metalleux connait Holy Wood, l'album qui fut, pour un certain nombre, le dernier "bon" Manson.

Perosnnellement, c'est mon préféré.


Commençons par la pochette : sombre, glauque, morbide, mettant en scène un christ à moitié décomposé figuré par Manson. Nous sommes loin de l'ambiance aseptisée, vierge, de Mechanicals Animals, on retourne plutôt vers le crade Antichrist Superstar, que d'aucun considèrent comme le meilleur de Manson. On se met à penser que l'on va abandonner le rock de Mechanicals pour revenir à quelque chose de plus brutal, dans la veine du fameux Antichrist...

Et l'on a pas tord.
L'intro, elle-même, nous ouvre les portes d'un nouvel univers, différent de ce que l'on a déjà écouté, et c'est avec plaisir que l'on s eplonge dedans, en se disant que décidément, Manson se renouvelle à chaque album.

Le rythme est lent, la voix est triste, tout est glauque, respire la mort, l'ombre... Nous somme bien dans l'ombre de la vallée de la mort, titre qui représente parfaitement l'album.

The Love Song nous emmene sur le chemin du combat, au rythme martial presque : Manson déclare une nouvelle guerre, une nouvelle croix à porter à travers le sol américain.
Comme Antichrist critiquais la religion, et le fascisme, à travers Antichrist lui-même ?

On pourrait être détrompé par les premières pistes, comme Fight Song ou Disposable Teens, au rytme entraînant, presque joyeux, si l'on se contente d'écouter sans comprendre... Car les lyrics n'en sont pas moins déséspérées, violentes, à l'assaut du système pourri qui régente la jeunesse.

Et voilà Target Audience, magnifique, avec une intro toute en douceur, amenant un riff bien lourd, une voix haineuse aux accent toujours désespérés, symbole d'un malaise permanent, celui... de l'adolescence.

I see all the young Believers...

Car, Holy Wood, comme Antichrist et Mechanicals, est un album qui attaque quelque chose, qui critique : cette fois, c'est les armes, le système américain, l'adolescence elle-même, et c'est la tristesse teintée de haine, de colère inexpliquée, diffuse et glauque, qui représente cette crise d'adolescence que nous avons tous traversé, et qui nous a souvent mené dans les bras du Dieu Metal, après nous avoir emmené dans les jupes des dames Scarification et Suicide.

we don't want to live forever
and we know that suffering is so much better...



Et nous voilà In The Shadow of the Valley of Death...

Encore une fois, le rythme lent revient, une seule guitare accompagne la voix triste, résignée, abandonnée à la douleur... si ce n'est le espèce de cris assourdis que l'on entends, qui nous tortures, comme toutes les âmes qui n'ont pu être sauvées, et dont nous ferons peut-être partie si nous ne traversons pas cette tristesse....
Car dans l'ombre de cette vallée, la mort est partout...
death is policeman, death is the priest
death is the stereo, death is a tv
death is the tarot, death is an angel and
death is our god, killing us all


Et c'est à travers ces lignes, ces chansons, que nous traversons toute la vallée de la mort, passant de désespoir en désespoir, complètement plongé dans l'ombre, la noirceur glauque de la tristesse diffuse, où si rare sont les notes d'espoir...
Sauf quand la haine revient, la colère de ne pas comprendre, de ne pas savoir, de ne pouvoir être autre chose, que d'être condamnée à vivre dans ce monde dont nous ne voyons que des ombres....

This is evolution, the monkey, the man, and then the gun...



Manson nous tient et ne nous lâche pas, nous fait valser avec la Mort, nous tiens la main et la mord, nous guidant à travers la vallée qu'il a créé, lui le révérend noir, le prêtre de notre apocalypse...

We are damned and we are dead, all god's children to be sent
to our perfect place in the sun and in the dirt...



Les chuchotements de la folie s'insinuent, tandis que ls guitares ne savent plus si elles doivent exprimer la violence de notre rage, avec des riffs, lourds, à la fois tristes et agressifs, ou des parties acoustiques qui nous donnent envie de nous replier et de pleurer sur tout ce que l'on a gâché....

Parfois des îlots nous attirent, sans comprendre pourquoi, dans la simplicité, la violence dirigée dans la tristesse, la haine d'un monde que l'on ne comprend pas et qui s'en fout... A tel point que l'on se met à penser qu'il nous faudra mourir pour exister.

We are the nobodies, we wanna be somebodies when we're dead
they'll know just who we are...



Puis arrive la seconde partie de l'album, et l'on revient, curieusement, à la colère du début. The Death Song, Born Again, Burning Flag, hurlent notre colère, sauf, sauf...

Lamb of God, la magnifique et si triste, encore...



Holy Wood, c'est ça... Vingt chansons dédiées à la crise d'adolescence, ou que l'on vit en tout cas ainsi, dans une ambiance particulièrement travaillée, unique dans la tristesse haineuse, unie aussi, mais sans devenir répétitive.

C'est ça qui fait de cet album mon préféré chez Manson :
une succession de chansons magnifiques, à la fois tristes et haineuses, une ambiance incroyable, un monde à part, un voyage véritable, dans ce qui est pour beaucoup de monde, les ombres d'un passé encore souvent présent...




A écouter en priorité :
Tout l'album parce qu'il s'agit d'un tout...
Mais bon, disons The Love Song, Target Audience, The Nobodies et Lamb of God.

Samedi 10 mai 2008 à 23:50




Ha, NIN... Qui, parmi ceux qui aiment le metal industriel, ne vibrent pas à l'évocation de ces trois l'être, et au nom du marionnettiste divinisé qui se trouve derrière : Trent Reznor.

Trent, dont chaque phase de la vie adulte a produit un album, chaque parcelle de son existance devant une note, une ambiance, un morceau, un album, une oeuvre d'art. De part son parcours unique et magnifique, Reznor est devenu une figure incontournable de l'Indus... Et, aujourd'hui, sa guerre contre la mainmise des majors atteint son apogée, en distribuant ce The Slip gratuitement sur internet, après un Ghosts déjà vendu directement sur leur site.

Mais revenons à nos moutons. De phases, Trent est passé depuis, avec Year Zero, dans une transition entre la douceur de With Teeth à quelques choses de plus expérimental dont nous sentons déjà les accents dans les outro chaophonesque de The Big Destroyer par exemple.

Cette phase expérimentale, nous en avons vu le pur produit dans Ghosts, album purement instrumental, explorant des horizons inconnus de nos oreilles innocentes. Et, à présent, Reznor nous offre The Slip, et bien curieux sommes nous de savoir où l'esprit génial de Trent nous emmènera cette fois-ci.


1. 999,999 (1:25)
Une intro tout en paradoxe, à la foix aérienne et lourde, pesante et fugitive. Des relents de Ghosts viennent à se faire entendre, et c'est la voix de Trent sur la fin qui vient nous emmener ailleurs : machine arrière toutes, en quelques mots inentelligibles ("The slip ?"), une forte réminiscence de The Downward Spiral m'assaille. "Put a Gun In My Mouth".


2. 1,000,000 (3:56)
Un rythme basique, électronique, nous accueille. Ghost est de retour, puis la voix vient se poser, revenant cette fois à l'époque Year Zero, presque REMIXED. Très électronique, le morceau nous emmène sans qu'on le sente arriver vers un refrain sorti d'ailleurs, puis repart, énergique. Energie communiquée par le rythme certes basique mais entraînant, et la voix de Reznor, qui nous signifie son grand retour. Il est en forme, dirait-on ! Oui... NIN reste NIN !


3. letting you (3:49)
Encore une fois, nous sommes accueillis par des effluves de ce Ghosts décidément persistant. Des notes nous assaillent à un rythme rapide, sans répit, agressif. Un essaim... Trent est en forme et il se déchaîne, ne nous offrant que de rares ralentissements, pour mieux reprendre ensuite, nous faisant profiter de toute la maîtrise bordélique qu'il peut avoir des sons électroniques. L'album commence a avoir son identité propre, son énergie et sa couleur.


4. discipline (4:19)
Single offert avant l'album, Discipline m'est déjà bien connue. un rythme assez rapide, entraînant, une voix non agressive, limite pop... Serait-ce une The Hand That Feeds You Version 2 ? Je ne suis pas loin de le penser, mais qu'importe, j'aime cette chanson, et celle là, mine de rien, a aussi son rythme, son identité, et, merde, ça balance, ça entraîné. Le piano vient nous effleurer le coin des oreilles à point nommé, goutes d'eau sur la fournaise de l'album, où commence à danser les démons sur un rythme endiablé., rappel incongru l'un des meilleurs moments du calme ghosts (12 Ghost II pour être précis)... "I Cannot Help Myself !"
Le son de mon casque monte, et je regrette de ne pas avoir un foutu 5.1 pour faire bouger ce putain d'immeuble sur ses fondations.


5. echoplex (4:45)
Batterie, guitare, voix, chaque instrument apparaît l'un après l'autre, pose son rythme et s'accorde aux autres, presque sans faire exprès, dirait-on. D'autres interviennent, en passant, comme ça, comme si de rien n'était. Mais si, plus on avance et plus on se rend compte que tout est réglé, au poil. Chaque note est placée, chaque modification de la sonorité suit un chemin précis. Il suffit d'écouter pour trouver... Le chuchotement de Trent nous y encourage, tandis qu'enfin on se prend au jeu. Et... ça s'arrête.



6. head down (4:55)
Tout redeviens chaos. On est perdu. "Head Down ! Hmm to late for that !" Les rythmes electroniques se mêlent au claquement sèches des caisses, et fnissent par se répondre, devenir cohérent. Puis vient le piano, le synthé, la voix, que sais-je, et le morceau devient autre, le chaos prépondérant devient âme de fond. Et cela cesse, et Trent crache de nouveau, et cela reprend, et l'on se met à espérer que cela ne cesse pas, qu'il nous emmène avec lui. Je monte encore le son, je m'abandonné. Et cela cesse, encore. Le tout m'évoque analogie pour le moins curieuse, à l'acte amoureux avec une femme farouche. Le plaisir et le chaos, la beauté et le désir pur et chaotique, par intermittence, par à-coups, et finalement, tout se mêle, passe en sourdine, reste là, épiant, ayant sa vie propre, s'agitant... Puis s'endort.


7. lights in the sky (3:29)
Un furieux air de Still, dès le début du morceaux. Un piano, une voix douce. Je vois Trent, debout sur la scène, un unique spot l'éclaira violemment par au dessus, le transformant en ombre parmi toutes celle d'une immensité à l'écoute. La mélodie du piano ressemble à un SOS lancé dans l'espace, portant à la fois espoir et résignation, portant la solitude du naufragé qu'est Reznor, seul, abandonné des envahissantes machines.


8. corona radiata (7:33)
A peine si la transition se fait sentir, tellement elle est bien tramée. La voix et le piano se sont tus, mais le fond, l'echo de l'espace, se maintient, reste, nous berçant, nous entourant d'une présence immense, chaude....
Des notes de piano nous parviennent, echo d'une âme depuis longtemps partie dans le lointain... Mais l'espoir est là, on se rapproche, où plutôt l'on écoute approcher, la suite, qui pourrait tout aussi bien choisir de venir dans une éternité. Et l'on attend... Plusieurs minutes...
Et ça vient, enfin, un battement, pas de vie, mais une machine, de nouveau. Le bourdonnement cesse, on écoute ce coeur battant son propre rythme, seul d'abord, puis suivit de la musique de tout le reste de son corps, de chaque fibre. Des miaulements ?! La vie existe, tout compte fait, au fond de ce monstre.


9. the four of us are dying (4:37)
Nous sommes entré dans le monstre, avalé dans son espace mécanique et électronique. Nous nous enfoncons, découvrant peu à peu un autre monde, tout en rythmique, pas agressif, pas particulièrement accueillant non plus... Neutre, observateur. Comme une machine qui fonctionne, sans but autre que de faire ce pourquoi elle est fait, mais qui représente une telle beauté, une telle perfection dans son travail qu'on ne peut s'empêcher d'admirer, et d'écouter, les sons répétitifs, les petites notes, les touches qui viennent s'ajouter les unes aux autres, formant un tout, un être cohérent et vivant. Un cri, un signal qui se détache, tout s'accélère, y aurait-il un problème ? Le cocon chaud du rythme se trouble, est non pas remplacé mais surpassé par quelque chose de plus important, de plus chaotique, de plus électronique... Jusqu'à cesser.


10. demon seed(4:59)
Changement de rythme, nous voilà brutalement rejettés dans l'espace. La batterie sèche, la guitare évoque un moteur qui nous propulse, à son rythme ératique mais régulier, et sans peine j'imagine un champ d'asteroide, un vaisseau, éclair métallique, filant à travers les graînes de sa destruction, masses rocheuses et fleurs rouges des explosions. La voix revient, le pilote chantonne en appréciant la balade... "Hoo I'm reaching the point..." Le son se fait plus agressif, tout devient plus dangereux, plus massif. Moins régulier. Puis ça repart, pour cesser presque totalement, nous laissant dans l'exceptative. Tout ne se réduit plus qu'à un son, battement de coeur effaré, effréné, et la voix de Reznor est coupée, assoudie, amoindrie, comme à travers autre chose.
"One two three four"
Tout repart, le rythme revient, le vaisseau redémarre, mais le pilote est ailleurs, nous ne sommes pas seuls, plusieurs voix se mêlent. Les multiples personnalités qui nous ont conduit dans ce périple, à travers cette portion d'espace, se révèlent enfin au grand jour.

Et tout cesse.




Le voyage est fini, et j'ai l'impression d'avoir vécu ça comme une expérience plus que comme une chronique. Curieusement, en voulant décortiquer, je me suis laissé prendre au jeu. Au lieux d'entendre, j'ai écouté, et j'ai découvert, tout ce qui faisait le génie de Trent. Ne voyez pas en The Slip un album exceptionnel, au dessus de ce qui a déjà été fait. Mais... prenez le temps, de l'écouter, vraiment, et de vous laisser transporter, comme vous l'avez peut-être fait avec Ghosts.

Car c'est ainsi qu'il faut apprécier chaque album : comme un voyage.



Vous pouvez télécharger gratuitement et légalement l'album ici : http://theslip.nin.com/

Mercredi 9 avril 2008 à 23:55

An 849, Levitas.

Mon nom est Malagos et je vis depuis maintenant une trentaine d'années à la cour d'Ael, en cette magnifique cité qu'est Levitas. Je n'y suis pas né. Je fais partie des immigrés, des étrangers qui se sont peu à peu intégrés à cette ville, à ce peuple. Lorsque mes yeux se sont posés pour la première fois sur les flèches et les tours de la grande cité, j'en suis immédiatement tombé amoureux. Même si à l'époque j'étais très jeune, je sentais en mon for intérieur que je passerais le reste de mon existence ici, et que j'y mourrais après une vie longue et heureuse.

Peut-être que l'exactitude de ce sentiment, cette vision même, est imputable à l'énergie dégagée par Ael, par le pouvoir qu'elle utilise pour faire voler la cité. Ce pouvoir est à l'origine de nombreux phénomènes que l'on ne comprend pas encore, et dont l'étude est, au fil du temps, devenue l'une de mes passions.

En tant que Maître de ces recherches, je fais partie de ce que l'on appelle les suivants d'Ael, son cercle rapproché de fidèles, sa cour. Nous sommes une douzaine, douze hommes et femmes auxquels on a accordé la chance inestimable de côtoyer chaque jour l'être qui est certainement le plus puissant et le plus beau de nos contrées : Ael en personne, la Reine des Levitis, la beauté diaphane, la reine de glace, l'esprit du vent...


Aujourd'hui, mes yeux ont vu ce qu'à nul mortel il ne devrait être donné de voir.

Au milieu de la journée, un messager est arrivé, porteur d'une missive des Observateurs, ces hommes qui passent le plus clair de leur temps l'œil rivé à leurs instruments à observer l'horizon, le ciel, les étoiles, le monde lui-même. L'homme était essoufflé, bien qu'il essayât de le dissimuler : il avait dû courir sans relâche et de toute sa vitesse. Il fallait bien ça pour fatiguer un messager entraîné à gravir sans cesse les innombrables marches des tours blanches. Cela indiquait-il un message grave ?

Ael, sur son trône, posa son regard sur lui, l'étudiant de ses yeux qui vous transpercent l'âme, vous donnant l'impression de vous mettre complètement à nu, comme si elle lisait vos pensées et vos instincts les plus profonds. D'un infime geste plein de grâce, d'un mouvement de la main d'une délicatesse exquise, elle donna la parole à l'homme qui avait repris son souffle.

Ce qu'il nous annonça glaça l'échine de tous les convives, et si la Reine ne tressaillit pas, un adorable petit pli se dessina sur son front, révélant qu'elle se faisait du souci, et y réfléchissait activement, de son intelligence formidable à laquelle aucun problème ne résistait.

Le message était clair : une flottille de guerre se dirigeait vers nous, cabotant depuis le sud. Ayant longé le désert et contourné la Falaise des Mille Tempêtes, les innombrables navires approchaient maintenant de la péninsule sur laquelle était amarrée Levitis. Ce n'était pas une simple escadrille, c'était une armée d'invasion qui s'apprêtait à débarquer sur nos terres. Venant du Sud... Nous avons tous pensé à la même chose : l'Empire se réveillait.

Ael, majestueuse, se leva alors, et, dans un espace dégagé, dessina gracieusement un cercle du bout des doigts. Alors, tel au travers d'une fenêtre, nos regards plongèrent sur l'océan, à des kilomètres au sud de la cité. L'horizon était couvert de navires. Jamais aucun de nous n'avait vu telle armada, et il est certain que plus jamais aucun d'entre nous n'en verrait plus. Le silence s'abattit sur la salle et les convives, telle une chape de plomb. Les visages, après avoir exprimé la stupéfaction, se fermèrent. Certains furent même bien près de céder à la panique. Heureusement pour ceux-là, vivre à la cour d'Ael impose un contrôle presque absolu de soi.

La Reine, silencieuse, contempla l'armada pendant plusieurs minutes. Tous, dans l'expectative, attendions sa réaction. Elle fut imprévue et imprévisible.

Ael leva ses bras d'albâtre, ses mains s'auréolant de pouvoir, l'Elixia se déversant dans son corps avec une puissance phénoménale, telle que tous la sentirent. Cela dura plusieurs minutes. La Reine sembla absorber toutes les réserves de puissance auxquelles elle pouvait avoir accès. Tous, nous la regardions, appréhendant ce qui allait arriver. Ses mains, exsudant une lumière aveuglante, claquèrent avec force devant son visage. Une onde de choc souleva nos vêtements, faisant tomber plusieurs des convives.

Sur l'océan, rien ne se passait, rien n'avait changé. Rien de visible. Nos yeux rivés sur la « fenêtre », nous ne vîmes pas le ciel se couvrir, nous plongeant en quelques instants dans une pénombre telle que l'on se crut en pleine nuit. D'un bleu limpide quelques secondes plus tôt, il était désormais d'un noir effrayant, insondable, gorgé de pluie et de foudre, ivre de la fureur que lui avait communiquée la Reine.

Alors, nous entendîmes le tonnerre, un roulement monstrueux, titanesque, comme si le ciel lui-même tremblait, empli d'une rage folle qu'il brûlait de déverser sur qui de droit. Face à cette puissance brute, abominablement écrasante, je me mis à trembler, réprimant un frisson extatique lorsque je réalisai que ce qui provoquait et contrôlait tout cela n'était autre que Ael. Mon regard revînt se fixer sur la « fenêtre » magique, que la Reine contemplait elle aussi.

A travers, je vis l'océan devenir vivant, tel un monstre à la taille inconcevable qui se levait, se réveillait après des siècles de torpeur. L'eau se souleva, millions d'échines écumantes de rage. Des vagues naquirent, et montèrent, dix fois plus hautes que les plus imposants navires. Ces terribles bâtiments de bois et de fer, grouillant d'hommes, transformés en vulgaires jouets par la démesure de la fureur marine, ballottés comme de simples fétus sur l'onde déchaînée.

Alors, le ciel se déchira, et du ciel d'encre s'abattirent des piliers de foudre, innombrables et furieux éclairs de colère, tombant sans répit sur les mats, détruisant méthodiquement tout ce qui dépassait de la surface, si le mot surface avait encore un sens dans ce maelström. Tout ce qui flottait encore, tout ce qui n'était pas noyé, brûlait, explosait dans des gerbes de flammes. La si puissante armada qui, quelques minutes avant, représentait une force formidable, se vit réduire à une flottille désemparée, esclave de l'ire des éléments, incontrôlable puissance à jamais hors de portée des hommes.

Enfin, Ael donna le coup final. D'un geste presque rageur, elle leva ses paumes auréolée de la lumière de sa fureur. En réponse, à des kilomètres, l'eau se souleva encore, et encore, comme si l'océan lui-même se dressait à l'assaut des nuages. Un mur immense, une vague innommable, un monstre aquatique d'un gigantisme inimaginable, se leva, puis s'abattit sur nos ennemis, tel le fatal et inévitable courroux d'un Dieu. Tout fut noyé, mille fois recouvert par des masses d'eau colossales.

Les nuages s'évanouirent, le ciel redevint bleu. Sur l'océan apaisé, redevenu le lumineux et plat miroir reflétant la lumière solaire, ne flottaient plus que quelques planches, résidus inoffensifs et insignifiants du drame dont nous venions d'être témoins, spectateurs privilégiés de la mort de milliers d'hommes. Sans un seul espoir de survie, sans une chance de s'en sortir. Un haut le cœur me secoua l'estomac. A ma droite, quelqu'un s'évanouit.

Mais ce n'était pas fini. Le sol se mit à trembler, à s'incliner sous nos pieds. Levitas tombait et Ael restait debout, au milieu de la salle du trône, dos à nous. Nous vîmes alors ses poings se serrer, dans un effort terrible pour reprendre le contrôle, pour éviter à ses milliers de sujets la mort certaine qui les attendait si la cité venait à chuter. Le sol retrouva son horizontalité, et cessa de s'agiter. Seuls quelques légers frémissements, de temps à autres, trahissaient l'état de faiblesse d'Ael. Elle avait tant donné... Pour son peuple, et pour tous les hommes libres de la région.

Ses beaux traits tirés par la fatigue, elle fit un effort pour rester droite et digne devant nous, ses suivants. Elle nous annonça alors quelque chose qui allait, pour les prochains siècles, changer la vie de Levitas. Notre Reine, notre âme, allait devoir se reposer, se plonger dans un long et profond sommeil, afin de régénérer ses forces tout en maintenant la cité dans les cieux, tel un joyau dans son écrin. Ce sommeil pourrait durer des années, voir des siècles...

Intérieurement, je me posai des centaines de questions. Qu'allions nous devenir, sans notre Reine pour nous guider ? Si une autre menace survenait, qui nous protègerait ? Alors, sans doute, notre peuple devrait-il, pour la première fois, prendre sa propre survie en main, et se battre, comme les autres...


*************************************************************************

Ce texte est l'une des anecdotes que j'ai écrites pour le jeu Adreis, les Trois Lunes...
J'ai déjà fait un article à propos de ce jeu,  pour en présenter les Back Ground (ici)
La sortie de l'alpha est imminente, et ne sera réservée qu'aux gens inscrits sur le forum !
Si vous aimez le RolePlay, n'hésitez pas...

Jeudi 14 février 2008 à 15:14




Stylish !!!

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