Lundi 3 décembre 2007 à 23:26

Hou, que voilà un titre qui fait froid dans le dos. Pas étonnant, après tout... Ce titre préfigure un article traitant d'une des plus grandes peurs de l'homme : la mort. Mais pas n'importe laquelle.

Commençons par le commencement. Qu'est ce qui me fait parler de ça, là, ce soir ? Non, pas une envie de suicide, comme si les sombres années de crises ressurgissaient. Non, ce que je viens de voir à la TV, tout simplement. C'est pourtant loin d'être dans mes habitudes, de regarder ce qui passe le soir... C'est souvent peu digne d'intérêt. Mais, ce soir, quelque chose m'a accroché. L'histoire, ou plutôt le film basé sur l'histoire, de Vincent Humbert.

Ce nom ne vous évoque rien ? Peut-être un vague souvenir, d'un sujet qui avait déchainé une tempête médiatique en 2003. En bref, Vincent a 19 an, jeune pompier, lorsqu'il subit un grave accident de la route... Dont il n'est pas responsable. Son cerveau et sa moëlle épinière son touchés, il tombe dans le coma. Lorsqu'il se réveille, Vincent est tétraplégique, muet, et aveugle. Il ne peut plus bouger que son pouce.

Cloué dans un lit d'hôpital pendant trois ans, incapable de rien faire, emprisonné dans un corps immobile et douloureux, il supplie sa mère, qui est restée à ses côtés tout ce temps, d'abréger ses souffrances. Elle refuse, mais Vincent est décidé. Il écrit au Président Chirac, qui ne réagira personnellement qu'après que les médias se soient emparés de l'affaire, et en ai fait le centre d'un débat qui ressurgi périodiquement, à propos de l'euthanasie.

Vincent demande au Président le droit de mourir, selon ses propres mots. Ce dernier se voit obligé de refuser, de part la loi. Mais Vincent fini par convaincre sa mère, enfin. Sa mère qui s'est tant battue, pendant des années, pour une cause qui paraissait perdue, dans l'espoir de retrouver un jour son fils en pleine forme. Sa mère qui l'a accompagné d'un bout à l'autre.  Le 24 septembre 2003, Marie Humbert passe à l'acte, et injecte à son fils suffisamment de médicaments pour le libérer, montrant au monde une immense preuve d'amour. Elle est aussitôt incarcérée, tandis que des médecins s'acharnent à maintenir Vincent en vie. Mais quelle vie ?

Deux jours plus tard, il est décidé de cesser les efforts pour le ranimer. Retombé dans le coma, Vincent décède enfin. Marie Humbert est libérée, le jugement aboutissant à un non-lieu.


Triste, cette histoire l'est sans aucun doute. La tragédie, c'est qu'elle est bien plus courante qu'on ne le croit. Des centaines de familles vivent tous les jours avec un proche devenu légume, et malgré tout on se raccroche à l'espoir. N'a-t-on pas vu des gens sortir du coma après vingt ans ?

Mais ce n'est pas cet aspect là des choses qui me fait écrire cet article. Mais plutôt, une interrogation.  Que faire, à la place de Vincent ? Que décider, cloué dans un lit ou un fauteuil roulant ? Aurais-t-on encore le courage de vivre, ou au contraire, en aurait-on suffisamment pour mettre fin à ces souffrances inutiles ?

Je me suis déjà, à plusieurs reprises, posé la question, bien avant de voir ce film. A chaque fois, je me suis dis que je refuserais de vivre ainsi. Mais comment peut-on savoir ? Comment peut-on un instant se mettre à la place d'un être dont le corps est devenu une prison ? Comment accepter de continuer à souffrir, et d'être une telle charge pour sa famille ? J'espère ne jamais être confronté à une telle interrogation. Je prie sincèrement pour ne jamais avoir à me poser réellement ce genre de questions.

Car ce n'est pas de la mort elle-même que j'ai peur. Non, ce dont j'ai peur, c'est d'être inutile, et dépendant. D'être une charge, un poids, un boulet, d'être incapable. C'est aussi pourquoi j'ai peur de la vieillesse. Je sais que certaines personnes âgées restent dans une forme éblouissante à un âge avancé, un âge où nombre de leurs amis en sont réduits à l'état de légumes. Je le sais, mais j'ai peur.

J'en viens souvent à espérer mourir tôt. Pas trop tôt, bien sûr. Mais c'est sans doute une réflexion de jeune, dans un corps sain et parfaitement fonctionnel. Sans doute s'habitue-t-on à la vieillesse, la décrépitude, les articulations qui se bloquent, les muscles qui fondent... Peut-être s'y résigne-t-on, en se disant qu'on en a pas mal profité, quand même. Peut-être même refusons nous de l'admettre...

Afin de conclure ce noir billet sur un note un peu plus légère, je vous souhaite sincèrement de ne jamais tomber dans un enfer tel que l'a connu Vincent. Pour ça, faites attention à vous, conduisez prudemment, ne faites pas trop de folies... Mais profitez de votre jeunesse, tout de même !

Par whatIshallbe le Jeudi 6 décembre 2007 à 11:14
Moi aussi j'ai vu le téléfilm. D'habitude je ne regarde pas ce genre de truc mais là, j'ai pas pu changé de chaîne. Tout comme toi, je me posais des tas de questions, qu'est ce que je dois penser de cet acte, qu'est ce que j'aurais fait à sa place. J'ai pas eu de conclusion si ce n'est que, j'accepte la mort, de n'importe quelle façon dont elle viendra, peut importe quand. Je pense que jamais je la forcerais à venir,
Par des.perles.qui.tombent le Vendredi 7 décembre 2007 à 19:25
Oui, ce genre de choses inquiètes j'ai surtout peur de mourir avant d'avoir fait quelque chose d'utile, d'avoir aidé à changer le monde.
Ton commentaire m'a plu.
Tu as vraiment compris ce blog, et cela me fait plaisir.
Merci.
Par Tolgerias le Vendredi 7 décembre 2007 à 22:46
Je vois écrit "commentaire", mais c'est toujours, plutôt, mon propre avis que j'exprime.
Vouloir mourir, c'est pas un choix, mais une lâche issue, un échappatoire pour ceux qui ont peur, les anxieux, les peureux ! Et vouloir mourir de la main d'un autre, c'est carrément égoïste...
En France, mourir c'est devenir un véritable légume ; le cerveau de fonctionne plus. Un vrai légume ne sera donc pas laissé en vie...

Donc ce Vincent... N'est-il pas égoïste que de laisser son sang sur les mains de sa mère ? N'est il pas égoïste que de fuir sous le prétexte d'être INUTILE ? Pourtant il est parvenu à écrire au président, et de déclencher toute une affaire ! Ne pouvait-il pas être "utile" avec l'aide de la technologie actuelle ?
Il pouvait ! Pourtant, dépouillé trop tôt de son corps, il a fui. C'est ainsi que je m'imagine la chose.


Vincent : mort parce qu'il est inutile, ou parce qu'il était trop attaché à son corps ?
Moi, corps ou pas, si je peux bouger la mâchoire, je saurais faire quelque chose (par la biais d'internet et de claviers spéciaux). Pourquoi pas même faire quelque chose de stupide ? C'est ça la vie. Il y en a de différentes, pourquoi pas dans un fauteuil roulant qu'à courir les jupons sur la plage ?
Celui qui sait s'adapter sait vivre. Qui vit, vit. Et au diable ceux qui ne peuvent voire sous cet angle ! Je m'adapterai à ce point de vue, qui sait ?

Bonne soirée ;-)
Par Sire le Mardi 11 décembre 2007 à 13:14
Je n'ai malheureusement pas le temps de dire ce que je pense du sujet.

Ce qui est certain, c'est que je n'ai pas vu ce film. Par contre, le chef d'oeuvre en la matière s'appelle "Mar Adentro", film espagnol, vous vous en doutez bien. Véritablement une merveille. Là aussi une histoire vraie.


Sire
Par cloudy le Jeudi 27 décembre 2007 à 21:32
J'pense que j'prefererais mourir. Parce qu'apres tout j'ai pas peur de mourir, j'ai peur de pas vivre. Reduit a l'etat de legumes, VIvre devient impossible donc j'preferais mourir. Apres j'dis ça mais suivant mon etat j'preferais p'tet vivre lmeme un tout petit peu ... J'espere sincerement ne pas devoir me poser la question un jour U_U
Par Matthiasgirls le Mercredi 24 décembre 2008 à 23:42
C'est normal d'avoir peur de ce genre de chose! Moi-même j'ai peur de cela et j'ai déjà ressenti ce sentiment d'être un poids pour mes proches. Mais le cas de Vincent est totalement différent du mien car je pouvais encore bouger, parler,... mais cela n'empêche pas d'être un poids pour les gens qui nous entoure. Être dans l'état de Vincent est fatal psycologiquement et je pense que dans ce cas là, la mort est mieux que de devenir fou à l'intérieur de soi même. Et si un jour, j'arrive à ce point je choisirai de mourir, de me tuer moi même car je serai incapable de continuer à me battre dans cet état, je ne serai pas assez forte pour cela.
Je pense que tu comprend ce que je veux dire par ses mots.
 

Ajouter un commentaire

Note : Thanos n'accepte que les commentaires des personnes possédant un compte sur Cowblog : vous devez obligatoirement être identifié pour poster un commentaire.









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://thanos.cowblog.fr/trackback/2343871

 

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast