Lundi 17 novembre 2008 à 22:28

Des chuchotements... Des voix... Des cris... Des larmes... Des pensées innombrables... La douleur... La joie... La faim... Les sentiments les plus divers... La Mort, qui rôde... Les Ombres, partout... Il entendait tout cela. Il était tout cela. La vie incessante, le pouls monstrueux et unique des milliers d'âmes pensant, s'agitant, volant, tuant, à chaque seconde, chaque instant.

Un tressaillement, dans l'Ombre. Le miroir noir avait été rompu... Les Ombres avaient réagit, car ce qui avait traversé la surface ne leur était pas familier, non... Un corps étranger, une intrusion dans le vaste corps à la pensée unique, dont le sang était les Ombres, gouverné par une seule tête pensante à la puissance démesurée.

Dans l'Ombre de la capuche, le Roi Sentence ouvrit les yeux. Du moins, ce qui en tenait lieu, mentalement. Physiquement, il n'en avait plus besoin. Ses doigts gantés croisés devant lui se désentrelacèrent dans un grincement de cuir, et les paumes de ses mains vinrent se poser doucement sur la pierre froide et noire des accoudoirs de son trône. Dans la grande salle qu'il dominait, pas un humain ne vivait. Mais l'immobilité ne régnait pas pour autant, pas plus que l'obscurité. Des flambeaux éclairaient la salle, accroché à intervalles réguliers le long des murs, projetant une lumière dansante. Partout, dans chaque recoin, chaque interstice, chaque faille, chaque creux et chaque faille de la pierre, les Ombres s'agitaient, impatientes, affammées, volatiles.

Mais soumises. Toujours.

L'une d'elles s'échappa d'un creux, glissant sur le mur puis sur le haut plafond sans faire le moindre bruit, épousant les obstacles rencontrés au passage, changeant de forme comme un nuage de fumée en pleine tempête, étirant des appendices curieux, aggressifs, se rétractant, s'étendant, se compressant. L'Ombre se glissa jusqu'au trône, coulant le long du dossier noir jusqu'à la cape du Roi...

Dans laquelle elle se fondit. Quelques secondes plus tard, elle en ressortait, continuant à glisser comme si de rien n'était... Vers la sortie de la salle. Vers la Guilde.

Mercredi 9 avril 2008 à 23:55

An 849, Levitas.

Mon nom est Malagos et je vis depuis maintenant une trentaine d'années à la cour d'Ael, en cette magnifique cité qu'est Levitas. Je n'y suis pas né. Je fais partie des immigrés, des étrangers qui se sont peu à peu intégrés à cette ville, à ce peuple. Lorsque mes yeux se sont posés pour la première fois sur les flèches et les tours de la grande cité, j'en suis immédiatement tombé amoureux. Même si à l'époque j'étais très jeune, je sentais en mon for intérieur que je passerais le reste de mon existence ici, et que j'y mourrais après une vie longue et heureuse.

Peut-être que l'exactitude de ce sentiment, cette vision même, est imputable à l'énergie dégagée par Ael, par le pouvoir qu'elle utilise pour faire voler la cité. Ce pouvoir est à l'origine de nombreux phénomènes que l'on ne comprend pas encore, et dont l'étude est, au fil du temps, devenue l'une de mes passions.

En tant que Maître de ces recherches, je fais partie de ce que l'on appelle les suivants d'Ael, son cercle rapproché de fidèles, sa cour. Nous sommes une douzaine, douze hommes et femmes auxquels on a accordé la chance inestimable de côtoyer chaque jour l'être qui est certainement le plus puissant et le plus beau de nos contrées : Ael en personne, la Reine des Levitis, la beauté diaphane, la reine de glace, l'esprit du vent...


Aujourd'hui, mes yeux ont vu ce qu'à nul mortel il ne devrait être donné de voir.

Au milieu de la journée, un messager est arrivé, porteur d'une missive des Observateurs, ces hommes qui passent le plus clair de leur temps l'œil rivé à leurs instruments à observer l'horizon, le ciel, les étoiles, le monde lui-même. L'homme était essoufflé, bien qu'il essayât de le dissimuler : il avait dû courir sans relâche et de toute sa vitesse. Il fallait bien ça pour fatiguer un messager entraîné à gravir sans cesse les innombrables marches des tours blanches. Cela indiquait-il un message grave ?

Ael, sur son trône, posa son regard sur lui, l'étudiant de ses yeux qui vous transpercent l'âme, vous donnant l'impression de vous mettre complètement à nu, comme si elle lisait vos pensées et vos instincts les plus profonds. D'un infime geste plein de grâce, d'un mouvement de la main d'une délicatesse exquise, elle donna la parole à l'homme qui avait repris son souffle.

Ce qu'il nous annonça glaça l'échine de tous les convives, et si la Reine ne tressaillit pas, un adorable petit pli se dessina sur son front, révélant qu'elle se faisait du souci, et y réfléchissait activement, de son intelligence formidable à laquelle aucun problème ne résistait.

Le message était clair : une flottille de guerre se dirigeait vers nous, cabotant depuis le sud. Ayant longé le désert et contourné la Falaise des Mille Tempêtes, les innombrables navires approchaient maintenant de la péninsule sur laquelle était amarrée Levitis. Ce n'était pas une simple escadrille, c'était une armée d'invasion qui s'apprêtait à débarquer sur nos terres. Venant du Sud... Nous avons tous pensé à la même chose : l'Empire se réveillait.

Ael, majestueuse, se leva alors, et, dans un espace dégagé, dessina gracieusement un cercle du bout des doigts. Alors, tel au travers d'une fenêtre, nos regards plongèrent sur l'océan, à des kilomètres au sud de la cité. L'horizon était couvert de navires. Jamais aucun de nous n'avait vu telle armada, et il est certain que plus jamais aucun d'entre nous n'en verrait plus. Le silence s'abattit sur la salle et les convives, telle une chape de plomb. Les visages, après avoir exprimé la stupéfaction, se fermèrent. Certains furent même bien près de céder à la panique. Heureusement pour ceux-là, vivre à la cour d'Ael impose un contrôle presque absolu de soi.

La Reine, silencieuse, contempla l'armada pendant plusieurs minutes. Tous, dans l'expectative, attendions sa réaction. Elle fut imprévue et imprévisible.

Ael leva ses bras d'albâtre, ses mains s'auréolant de pouvoir, l'Elixia se déversant dans son corps avec une puissance phénoménale, telle que tous la sentirent. Cela dura plusieurs minutes. La Reine sembla absorber toutes les réserves de puissance auxquelles elle pouvait avoir accès. Tous, nous la regardions, appréhendant ce qui allait arriver. Ses mains, exsudant une lumière aveuglante, claquèrent avec force devant son visage. Une onde de choc souleva nos vêtements, faisant tomber plusieurs des convives.

Sur l'océan, rien ne se passait, rien n'avait changé. Rien de visible. Nos yeux rivés sur la « fenêtre », nous ne vîmes pas le ciel se couvrir, nous plongeant en quelques instants dans une pénombre telle que l'on se crut en pleine nuit. D'un bleu limpide quelques secondes plus tôt, il était désormais d'un noir effrayant, insondable, gorgé de pluie et de foudre, ivre de la fureur que lui avait communiquée la Reine.

Alors, nous entendîmes le tonnerre, un roulement monstrueux, titanesque, comme si le ciel lui-même tremblait, empli d'une rage folle qu'il brûlait de déverser sur qui de droit. Face à cette puissance brute, abominablement écrasante, je me mis à trembler, réprimant un frisson extatique lorsque je réalisai que ce qui provoquait et contrôlait tout cela n'était autre que Ael. Mon regard revînt se fixer sur la « fenêtre » magique, que la Reine contemplait elle aussi.

A travers, je vis l'océan devenir vivant, tel un monstre à la taille inconcevable qui se levait, se réveillait après des siècles de torpeur. L'eau se souleva, millions d'échines écumantes de rage. Des vagues naquirent, et montèrent, dix fois plus hautes que les plus imposants navires. Ces terribles bâtiments de bois et de fer, grouillant d'hommes, transformés en vulgaires jouets par la démesure de la fureur marine, ballottés comme de simples fétus sur l'onde déchaînée.

Alors, le ciel se déchira, et du ciel d'encre s'abattirent des piliers de foudre, innombrables et furieux éclairs de colère, tombant sans répit sur les mats, détruisant méthodiquement tout ce qui dépassait de la surface, si le mot surface avait encore un sens dans ce maelström. Tout ce qui flottait encore, tout ce qui n'était pas noyé, brûlait, explosait dans des gerbes de flammes. La si puissante armada qui, quelques minutes avant, représentait une force formidable, se vit réduire à une flottille désemparée, esclave de l'ire des éléments, incontrôlable puissance à jamais hors de portée des hommes.

Enfin, Ael donna le coup final. D'un geste presque rageur, elle leva ses paumes auréolée de la lumière de sa fureur. En réponse, à des kilomètres, l'eau se souleva encore, et encore, comme si l'océan lui-même se dressait à l'assaut des nuages. Un mur immense, une vague innommable, un monstre aquatique d'un gigantisme inimaginable, se leva, puis s'abattit sur nos ennemis, tel le fatal et inévitable courroux d'un Dieu. Tout fut noyé, mille fois recouvert par des masses d'eau colossales.

Les nuages s'évanouirent, le ciel redevint bleu. Sur l'océan apaisé, redevenu le lumineux et plat miroir reflétant la lumière solaire, ne flottaient plus que quelques planches, résidus inoffensifs et insignifiants du drame dont nous venions d'être témoins, spectateurs privilégiés de la mort de milliers d'hommes. Sans un seul espoir de survie, sans une chance de s'en sortir. Un haut le cœur me secoua l'estomac. A ma droite, quelqu'un s'évanouit.

Mais ce n'était pas fini. Le sol se mit à trembler, à s'incliner sous nos pieds. Levitas tombait et Ael restait debout, au milieu de la salle du trône, dos à nous. Nous vîmes alors ses poings se serrer, dans un effort terrible pour reprendre le contrôle, pour éviter à ses milliers de sujets la mort certaine qui les attendait si la cité venait à chuter. Le sol retrouva son horizontalité, et cessa de s'agiter. Seuls quelques légers frémissements, de temps à autres, trahissaient l'état de faiblesse d'Ael. Elle avait tant donné... Pour son peuple, et pour tous les hommes libres de la région.

Ses beaux traits tirés par la fatigue, elle fit un effort pour rester droite et digne devant nous, ses suivants. Elle nous annonça alors quelque chose qui allait, pour les prochains siècles, changer la vie de Levitas. Notre Reine, notre âme, allait devoir se reposer, se plonger dans un long et profond sommeil, afin de régénérer ses forces tout en maintenant la cité dans les cieux, tel un joyau dans son écrin. Ce sommeil pourrait durer des années, voir des siècles...

Intérieurement, je me posai des centaines de questions. Qu'allions nous devenir, sans notre Reine pour nous guider ? Si une autre menace survenait, qui nous protègerait ? Alors, sans doute, notre peuple devrait-il, pour la première fois, prendre sa propre survie en main, et se battre, comme les autres...


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Ce texte est l'une des anecdotes que j'ai écrites pour le jeu Adreis, les Trois Lunes...
J'ai déjà fait un article à propos de ce jeu,  pour en présenter les Back Ground (ici)
La sortie de l'alpha est imminente, et ne sera réservée qu'aux gens inscrits sur le forum !
Si vous aimez le RolePlay, n'hésitez pas...

Dimanche 3 février 2008 à 18:31

Plusieurs millénaires avant notre ère, alors que nos ancêtres n'étaient encore que des primitifs, il existait, sur un autre continent d'Adreis, plusieurs peuples qui avaient bâti des civilisations très avancées. Pour cela, ils s'étaient basé sur une étrange énergie émise par Adreis elle-même, l'Elixia. Malheureusement, ces peuples se haïssaient, bien qu'étant issus des mêmes lointains ancêtres. Il ne cessaient de se battre, et, grâce à l'Elixia, ils devinrent si puissants qu'ils infligèrent des dommages irréversibles à leurs terres, les rendant presque inhabitables.

Ils cherchèrent donc de nouveaux territoires à investir. Ils choisirent le continent voisin, peuplé par nos ancêtres, primitifs ne connaissant l'Elixia que par quelques chamans maladroits et bien ignorants... C'était sans compter sur l'un des plus grands sorciers de cette époque. Son nom s'est perdu dans les méandres du temps, mais on sait qu'il était bon et sage, et qu'il détestait la guerre. Il voulu protéger les peuples primitifs de la guerre des anciens, et accompli un puissant rituel qui visait à sceller en trois jours le Coeur d'Adreis, la source de l'Elixia.

Apprenant cela, les anciens peuples s'affolèrent : leurs cultures, leurs civilisations entières risquaient de s'effondrer, sans l'Elixia sur laquelle tout était bâti. Il trouvèrent une solution : ils migrèrent vers les trois lunes d'Adreis : Shua, Cerune et Larios, qui possédaient chacune un Coeur d'Elixia, et leur assurait donc la survie.

Le Coeur d'Adreis fut scellé, et les anciens abandonnèrent leurs terres dévastées pour continuer à lutter sur les trois lunes, tandis que nos ancêtres se développaient, en sécurité...



Bien plus tard, toute trace de cette histoire avait disparu d'Adreis, si ce n'est quelques légendes farfelues. Mais l'une d'entre elles, très proche de la terrifiante réalité, mérite que vous la connaissiez.

Cette légende raconte que l'équilibre du monde dépendait des trois lunes d'Adreis, et de l'étrange énergie qu'elles dégagent. Sur ces lunes vivaient de grands seigneurs, puissants savants qui avaient réussi à dompter cette énergie, inaccessible aux Adréniens. Ces seigneurs lunaires se livraient une guerre sans merci depuis des millénaires, et avaient acquis une force inimaginable à force de combat. La légende dit même qu'ils avaient réussi à dompter la mort, allant jusqu'à ressusciter les guerriers tombés au combat.

Mais l'Elixia était un fluide très instable, et il arrivait que certains lunaires deviennent fou en la maniant. Certains prétendaient même voir le futur...
Un jour, l'un de ceux-là fit une prophétie : sur chaque lune, un érudit naîtrait, plus vif et plus sage encore que les autres. Ces trois érudits, chacun de leur côté, chercheraient à mettre fin à la guerre. Ils finiraient par y parvenir, mais l'accomplissement de ce noble objectif irait de paire avec l'anéantissement de tous les peuples lunaires.

Ce fou ne fut pas cru, et la prophétie oubliée.

Jusqu'à ce qu'un jour... Sur chaque lune, apparut un érudit faisant preuve d'une extraordinaire maîtrise de l'Elixia. Ces trois, lassés de ces guerres futiles, désiraient instaurer la paix sur les lunes. Ils s'exilèrent donc sur Adreis pour mener leurs recherches, et fouiller dans le passé des lunaires.
Or, il advint que l'un des trois, le dénommé Valnor, l'érudit de Shua, parvint à une solution. Il mit, on ne sait comment, la main sur les travaux du grand Sorcier qui avait scellé le Coeur d'Adreis. Grâce à ses travaux, il trouva le moyen d'exploiter des quantités inimaginables d'Elixia, se procurant ainsi une puissance quasi-infinie. Ivre de pouvoir, il voulut se servir de cette puissance pour conquérir et dominer les trois lunes.

Mais il était surveillé, et les peuples lunaires comprirent le danger. Après des millénaires de batailles, ils firent une trêve, et chaque lune envoya deux guerriers afin de contrer les plans du dangereux Valnor. Ces six guerriers étaient des héros, les meilleurs combattants des trois Lunes, quasi-invincibles, et dotés d'âme devenue immortelle par leur maîtrise de l'Elixia.

Alors, Valnor voulut mettre à profit le résultat de ses travaux. Il commença par briser le Sceau sur le Coeur d'Adreis, liberant l'Elixia sur la planète, et plus particulièrement entre ses mains. Il fit ensuite converger d'immenses quantités d'Elixia, qu'il déchaîna contre les six guerriers venus l'arrêter. Ce fut le signe de la fin. Non seulement Valnor détruisit définitivement les corps des Six, mais l'énorme afflux de pouvoir influa sur les Coeurs des Lunes, brisant leur équilibre, provoquant des cataclysmes qui ravagèrent les satellites au point d'y détruire toute vie.

Ainsi, il ne resta plus que trois lunaires : Valnor de Shua, Finariel de Larios, Belo de Cerune, les trois qui devaient rétablir la paix entre les lunes. Valnor, à sa manière, avait réussi, et tout s'était passé comme dans la prophétie...

A défaut de régner sur les lunes, il se mit alors en tête d'asservir Adréis, chose que ses grands pouvoirs rendaient désormais aisée, notamment par l'invocation d'innombrables créatures maléfiques. Finariel et Belo, les deux autres lunaires, s'unirent et décidèrent d'empêcher Valnor de mener à bien ses plans de conquête : grâce à leur propre maîtrise de l'Elixia, ils conférèrent aux Rois des six peuples d'Adréis de grands pouvoirs et une longévité accrue, afin de mener leurs armées contre les créatures maléfiques de l'érudit dément.

Seulement, l'Elixia était un pouvoir trop dangereux pour ces peuples non encore habitués à son influence, ils divisèrent le flux en six éléments, dont chacun serait l'apanage d'un peuple : le feu, l'eau, la terre, l'air, la lumière, et les ténèbres. Ils enseignèrent à chacun comment manier l'élément qui leur correspondait, transmettant ainsi le savoir millénaire des lunaires, et donnant aux peuples les moyens de se défendre des créatures de Valnor.

Quand aux Six qui furent les premières victimes du tyran, on dit que leurs âmes erre encore sur Adréis, avides de revanche, et prêtes à aider dans leur quête les grands héros qui risqueraient leur vie pour combattre le mage noir.

La légende se finit ainsi, et vous, qui lisez ces lignes, êtes le représentant d'un de ces six peuples . Oubliez vos différences, mettez de côté vos rancoeurs, et levez-vous, Adréniens ! Unissez-vous, et combattez pour libérer Adréis du joug des armées du maléfique Valnor !



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ça vous intrigue ? Adreis est un jeu online, gratuit, auquel je participe en tant que développeur RolePlay. C'est, par exemple, moi qui ai écrit ce texte. Le jeu n'est pas encore accessible lui-même, mais nous comptons sortir une alhpa d'ici peu. De nombreux concours et infos sur le forum public, inscrivez vous pour vous tenir au courant !
D'ailleurs, on recrute, par exemple des graphistes (pour faire les inventaires, notamment)...





Dimanche 1er avril 2007 à 23:37

Les cauchemars ont cessé. Les nuits ont changé.
Thanos ouvre un oeil, le fixe sur la lune qui le nargue. A côté de lui, un corps chaud et doux plaqué contre le sien. Doucement, il se coule hors du lit, échappant à l'étreinte des bras endormis. Elle se recroqueville, prise soudain de frissons glacés. Le léger drap, un instant dérangé par le souffle d'air, retombe en caressant la peau nue.
Il se lève, marche à travers les voiles qui pendent ai travers de la pièce, pour arriver au bord du vide. Loin en dessous, une deuxième lune dans les eaux du lac. Un léger souffle vient caresser sa peau. Il se laisse tomber, se réceptionne quelques mètres plus bas sur un balcon, faisant le moins de bruit possible. Un pas après l'autre, il se fond dans l'obscurité de la pièce, s'approche des deux berceaux immobiles.
Dans chacun, un bébé qui dors du sommeil du juste, affichant sur son visage rond les marques éphémères de l'innocence.

Pour combien de temps, encore ?

Toujours de la même démarche délicate et silencieuse il retourne sur le balcon, et monte sur la rambarde. Telle une lame chauffée au rouge, la douleur le traverse, remontant sa colonne vertébrale. Etouffant à peine un gémissement de douleur, il serre les dents. Il sait  ce qui se passe. La marque s'étend. Elle ne lui laisse plus de repos. Il n'en a découvert la signification que bien trop tard. Après avoir utilisé tout le pouvoir qu'elle offrait. Après avoir inconsciemment accepté son origine et lui avoir permit de s'enraciner définitivement en lui.

Un long soupir s'échappe. Ses yeux se ferment. Son corps se penche en avant, encore, encore, jusqu'à perdre pied, jusqu'à tomber, lâcher prise, laisser à la nuit le soin d'être son unique protectrice. Le vent siffle à ses oreilles. Il se sent léger, si léger... Ses ailes se déploient. Immenses, noires comme le vide le plus profond. Sa trajectoire s'incurve, se redresse, et bientôt il monte vers les étoiles. Quelques battements, et, sans efforts, il s'élève, encore...

Plus haut que la tour, plus haut que les hommes, plus haut que la vie, plus haut que les rêves, encore....
Encore...


Vendredi 8 décembre 2006 à 18:08

Il m'est arrivé, ces derniers temps, d'avoir des réclamations. Dans le genre « A quand ton prochain article ? » ou alors « Je passes tous les jours sur ton blog, mais rien de nouveau... ».


On s'ennuie de moi ? Quel honneur ! Allons, allons, je vais finir par laisser mes chevilles dépasser des mes Dr Martens (pourtant, elles montent haut...).


Pourquoi je n'écris pas davantage, ou plutôt, pourquoi cette baisse de régime ? La réponse est vite trouvée : les études... Je n'écris presque plus. Même pas un article, encore moins un chapitre... Question de temps. Et d'inspiration, aussi, sans doute. Trop de choses à penser avec le déménagement, les DS, tant de réflexions si terre à terre mais malheureusement essentielles.

Mais puisqu'il faut parler de quelque chose... Parlons de Thanos.


Pas Thanos, moi-même, l'étudiant derrière son PC, non...

Thanos, plus connu sous le nom du Prince Noir. Qui est-ce donc ? Me demanderont ceux qui lisent ce blog sans connaître HC... Mon « oeuvre » majeure, pourrais-je la nommer.


Le Prince, c'est un personnage que j'ai créé. Une créature dont j'écris les aventures depuis maintenant presque deux ans, que je fais vivre à travers mon clavier, à travers mon imagination sans doute trop fertile. Un homme, vivant dans un monde appelé Lorndor, et qui n'est pas vraiment un homme. Car son père « naturel » n'est pas humain : il s'agit de Thanatos... Le Dieu de la Mort de ce monde. Un demi-dieu, donc, créé par son père afin d'accomplir une destinée hors du commun, vaste pièce du puzzle des projets d'une divinité de l'ombre.


Plutôt que de me lancer dans une description de la psychologie du personnage, je vais simplement citer une autre joueuse d'HC, qui deviendra, bien après là ou s'arrête le récit actuel, la femme du Prince. (gros bisous au passage ^o^) Car Thanos vit aussi à travers les aventures que connaissent les joueurs, ensemble, en décrivant chacun leur tour les actions de leur personnage dans une situation donnée... Ce que l'on appelle le Role Play.


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le ressenti est totalement différent du fait qu'on la lise chapitre par chapitre ou d'une traite. Là, j'ai perçu ton personnage vraiment différemment de la première fois.
Avant je te voyais juste comme la grosse brute sanguinaire qui rêve de détruire toute trace de vie sur le monde et le monde avec tant qu'à faire... (c'est à peine exagéré xD). Machiavélique, sans coeur... une machine à détruire, l'arme ultime...
et là...  je vois un homme dont le destin est contrôlé par son père qui, au lieu de l'aimer comme un fils, se contente de l'utiliser pour ses ambitions personnelles. Il se joue de ses sentiments, fait même comme s'il n'en avait pas. Et c'est ce que l'on pourrait croire, qu'il n'en a pas. mais c'est faux. Il y a des passages où il se laisse aller.
en fait, le Prince commence sa vie seul, sans amour, sans soutien, le seul qu'il trouve (Cryptus), son père adoptif le lui retire. (d'ailleurs lui aussi il a l'air d'être un gros bourrin sans coeur). après le prince fait sa crise d'indépendance, rompt tout lien avec le roi (en le tuant... radical!) et puis hop, ce Mr-je-me rebelle-et-je-me-la-pète commence à former l'alliance, faire des guerres, epater ses gens avec le coup du trône toussa... mais parallèlement avec cette affreuse dague, il connait la souffrance. Mais qu'est-ce qu'il avait besoin d'aller chercher cette armure lui aussi? 'fin bon.
et là, le père qui entre scène genre j'ai une super destinée pour toi tu vas voir! Détruis la vie pour moi!  Ce que tu auras en échange? Ben rien bien sûr, c'te blague. Quoi? tu veux être "payé" pour tes services? ok ok, si tu insistes, alors tu vas souffrir héhéhé...
(franchement, pourquoi il a fait un enfant si ce n'est pas pour l'aimer?)
et là commence vraiment la descente en spirale du Prince. Il alterne tristesse et joie de la guerre, chagrin, mélancolie, désespoir même parfois, avec la montée d'adrénaline due à sa puissance, son extase, sa jouissance des combats, ses tourments intérieurs.
Le pauvre... un coup il déprime, puis il s'éclate, et il déprime de nouveau...
parce que bon, la puissance tout ça ça lui plaît. Mais parfois, quand il fait une pause, qu'il se met à réfléchir à ses actes, à sa vie, il réalise qu'il ne contrôle rien.
C'est un bonhomme triste en fait.
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Qu'ajouter à cela ? Peut-être quelque chose que l'on ne ressent pas ou peu à travers de l'histoire, mais qui est pourtant bien réel. Thanos, le Prince Noir, est ma création, et comme, toute oeuvre, on y met une partie de soi. En lui, j'ai mis bien plus qu'une partie. C'est mon âme, hors des considérations physique, en dehors des barrières de notre société, en dehors de la réalité bien trop fade, que j'ai transposé dans ce monde.


La profonde tristesse, le désespoir, que l'on ressent souvent, correspond à une période de ma vie bien précise, tout comme la plupart des émotions qui donneront lieu à des situations particulières, chapitres après chapitres. Alors, oui, c'est un personnage puissant, sans doute l'expression de fantasmes de contrôle, mais c'est aussi et surtout quelqu'un qui souffre, et a souffert, qui à une vision du monde très particulière, étriquée pourrait-on dire, égoïste certainement, mais, contrastant avec la puissance apparente du personnage, ce tourment intérieur qui le ronge, l'intime conviction qu'il ne contrôle rien, qu'il n'est qu'un pion sur l'échiquier divin, qu'il n'est définitivement pas humain. L'interprétation est facile, trop peut être. Suis-je un être malsain, ou quelqu'un qui a traversé, comme tout le monde, une crise d'adolescence où l'on voit tout en noir, et dont on ressort bien plus terre à terre, ayant abandonné les illusions de l'enfance, survivant comme il le peut en s'évadant ailleurs, tout en restant le même, avec ses défauts exacerbés, et ses pulsions assouvies à l'extrême ?


Voilà, c'est gagné, j'ai envie d'écrire mon prochain chapitre...


http://forumheroes.nainwak.org/viewtopic.php?t=4421&start=0

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