De retour à Paris.
Comme un retour à la case départ, avec une impression d'étape inévitable.
L'occasion de se retourner et de considérer le chemin parcouru, depuis un an. Depuis ces dernières années.

Des illusions, des décisions, des joies et des peines.
Quasiment une année entière que je suis parti, et pourtant, je me sens chez moi. Parce que j'y ai vécu trois ans, parce que c'est chez ma mère, je ne sais pas. Mais le fait est que j'ai changé de regard sur Paris. Je vais finir par haïr cette ville. Le bruit, la sueur, le fait de ne jamais se sentir en sécurité. Le métro, les gens, les foules... Tout ça change de la campagne, et pas forcément en bien. Alors on profite des cinémas, des bars... Mais on était bien, là-bas, perdus dans notre petite cambrousse, en famille presque. J'imagine que chacun a ses avantages, et c'est toujours plus facile de se plaindre.

Quoi qu'il en soit, un an a passé. Une année qui s'est encore enfuie, une des dernières passées à étudier. Un autre pas de franchi vers la vie active... Graal désiré mais craint. Qui sait ce qui nous y attend ? Les problèmes d'adultes, il paraît qu'on appelle ça. Tu comprendra quand tu sera grand, hein... Dire qu'il y a un an que j'ai changé d'école, changé d'univers. Encore. Mais cette fois, de mon propre choix. C'est moi qui ai choisi, pas mes parents par commodité pour eux parce qu'ils déménageaient. J'ai plongé de moi-même dans un nouveau changement, pour fuir le mensonge. En faisant confiance en des promesses. Bien téméraire, avec le recul. Mais après tout, je ne regrette pas. Aucun de nous, je crois.

Ce qui m'amène à m'interroger, de plus en plus souvent, sur la suite. J'affecte d'être quelqu'un qui ne se pose pas de questions sur l'avenir, qui prend la vie comme elle vient et qui essaye d'en profiter. Mon père m'a bien guidé sur cette voie, au moins sur le plan amoureux. Mais il devient de plus en plus difficile de se voiler la face, de s'occulter l'esprit et de ne penser qu'au présent. Retourner les cendres du passé est tout sauf productif, mais essayer d'esquisser l'avenir qui dépend de tellement de chose ? A quoi ressemblera ma vie dans deux, trois, cinq ans ? Je suis incapable de l'imaginer. Où serais-je, que ferais-je de mon bagage scientifique ? L'avenir offre des milliers de possibilités. Laquelle m'attire le plus, encore une question sans réponse. Peut-être que là encore je vais prendre ce qui vient. Être opportuniste, et saisir ce qui peut l'être, comme me l'a si bien montré ma mère.

Ma vie va-t-elle ressembler à celle de ma mère ? De mon père ? Sur qui d'autre prendre exemple ? Aucun des deux n'a eu, je pense, les opportunités qui s'offriront à moi. Comment gérer ça ? Devenir adulte et indépendant, la belle affaire. On se dit vivement la fin des études, parce qu'on en a marre de bosser pour rien, mais ce qui vient après...

J'ai choisi après le bac une voie tracée, cinq années d'études normalement, d'une ligne droite. La suite a montré que changement il pouvait y avoir, et que changement il y avait eu. Un aperçu de l'avenir, sans doute. Opportunités. Ce ce dont est fait la vie.

A chacun de saisir sa chance.