Dimanche 6 janvier 2008 à 22:12

Un homme parle, juché sur une estrade. Devant lui, un pupitre muni d'un micro. Dans son dos, de nombreuses oeuvres d'art couvrent les murs qui paraissent sans fin. Je me retourne. Derrière moi, des dizaines de visages figés, concentrés sur ce que l'homme dit. Je n'entends qu'un vague brouhaha, comme s'il parlait d'une langue étrangère. Je ne distingue pas ses paroles. Derrière les visages, d'autres oeuvres, dont une, bien plus grande que les autres, me frappe. Il s'agit de la Joconde. Curieusement, le mur semble s'animer.

Pensant être victime d'une illusion, je reporte mon attention sur le conférencier, qui semble passionné par son sujet. Mais je ne comprends toujours rien. Tracassé, je me retourne encore, mon regard cherchant la Joconde. Autour du grand cadre doré, le mur est découpé par une scie circulaire, depuis l'autre côté.

Je laisse faire. Je n'entends d'autre son que les paroles inintelligibles de l'orateur, je dois être victime d'une illusion. Je me retourne encore. Les visages n'ont pas bougé, comme s'ils n'étaient que des pantins, ou des statues. La Joconde a disparu. A la place, un trou rectangulaire dans le mur, d'où s'échappe une vive lueur blanche. Devant, un homme vêtu d'une combinaison sombre et d'un masque à gaz me fixe, puis disparait par l'ouverture.

Le conférencier a disparu, ainsi que son estrade. D'un coup, c'est la panique. Une alarme retenti, mais je ne la perçoit que vaguement, comme à travers du coton. D'instinct, je suis un vieil homme à la démarche déterminée, qui sait parfaitement où il va. Et je le suis par curiosité, parce que je sais aussi quelle est sa destination : la réserve du musée, où, je le sais, est conservé l'original de la toile. L'objet volé n'étant qu'une imitation. Le vieil homme est certainement le conservateur. D'autres que lui on eu la même idée, et accourent vérifier la réservé. C'est en me glissant derrière lui, comme un fantôme, que je franchi la porte de bois qu'il ouvre grâce à une clef d'acier suspendue à son cou.

Je n'entends plus l'alarme. Le décor est devenu tout autre. Si les couloirs du musée étaient propres, occupés seulement par d'impatients visiteurs, la réserve est une immense bibliothèque regorgeant de livres, rangés dans des meubles bas, laissant la vue dégagée.

Le vieil homme a disparu. A la place, c'est toi qui t'avance avec détermination à travers les rangées encombrées, comme si tu savais parfaitement où tu allais. Je ne vois pas ton visage, seulement tes longs cheveux qui bouclent dans ton dos, mais cela me suffit à te reconnaitre. Je sais que c'est toi. Je te suis, m'attardant au passage sur des livres, des bandes dessinées, qui n'ont à priori rien à faire ici, mais qui me fascinent par leur rareté. J'essaye d'attirer ton attention sur une de mes trouvailles, mais tu continue ton chemin comme si tu ne m'entendais pas. Et, de fait, mes cris se perdent dans l'immensité de la réserve, qui ne semble n'avoir pas de plafond.

Enfin tu t'arrête, face à un mur, comme si tu avais trouvé ce que tu cherchais. Serrée dans ta main droite, la clef d'acier. Tu me tourne toujours le dos. Oubliant mes trouvailles, je me rapproche de toi, je lève la main pour la poser sur ton épaule.

Et je me réveille. Une lumière grisâtre filtre. Je bouge, je te touche. Tu es là, près de moi. Je te sens bouger, je me dis que tu ne dors plus. J'ai envie de te raconter le rêve. Mais je sais que si je fais un tel effort, je ne me rendormirais pas. La tentation est trop forte.

Nous sommes en Allemagne. Tout va bien. Je me rendors.


Therion - Lemuria
Therion - The Dreams Of Swedenbord
Therion - An Arrow From The Sun
Therion - Abraxas
Therion - Feuer Overture-Prometheus Entfesselt

Par shinytear le Lundi 7 janvier 2008 à 12:02
J'aime beaucoup ce texte... Pas pour les cheveux bouclés non ^^"
Quand je l'ai commencé, je ne savais pas de quoi tu palais et j'imaginais une sortie culturelle scolaire. Puis en avançant, j'ai réalisé que c'était un rêve. Et je visualisais tout ce que tu racontes. J'ai tout vu. Alors bravo, bravo d'avoir eu un rendu si clair d'un rêve.
Je trouva ça tellement difficile de le faire percevoir à ceux qui ne l'ont pas vécu. Vraiment bravo!
 

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